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Présentation

  • : Futurs incertains
  • : Ce blog est dédié à la présentation de mes livres, de mes sources d'inspiration, de mes idées, à l'exposé de mes interrogations sur la nature du monde et sur l'avenir de l'humanité et, bien sûr, aux échanges avec mes lecteurs... J'écris de la science-fiction, en m'efforçant d'imaginer des récits auxquels on peut adhérer, sans tomber dans le "délire" et avec un fort contenu "humaniste".
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A méditer...

Quiconque prétend s'ériger en juge de la vérité et du savoir s'expose à périr sous les éclats de rire des dieux puisque nous ignorons comment sont réellement les choses et que nous n'en connaissons que la représentation que nous nous en faisons.

  [Albert Einstein]

 

Recherche

Mes livres : où se les procurer...

 

Lire les critiques :

 

http://limaginaria.wordpress.com

(site de critiques dédié aux littératures de l'imaginaire)

 

Et (peut-être...) acheter ensuite : 

 

1. Directement sur le site de l'éditeur SANS frais de port !   

http://www.editionschloedeslys.be/

Attention : Chloé des Lys est fermé pendant les vacances scolaires !

 

2. Ou alors   (moins 5% sur le prix "couverture") :

Via Chapitre.com : http://www.chapitre.com/  

Via le Furet du Nord : http://www.furet.com/

(commerces partenaires)

... ainsi que sur de nombreuses autres librairies en ligne !

 

En cas d'urgence (!) : je dispose en permanence d'un certain nombre d'exemplaires (de tous mes romans) destinés en principe aux salons littéraires et séances de dédicace. Me contacter directement (contact@futurs-incertains.com) si vous êtes intéressé ! (le port - autour de 6 € - sera inclus dans le prix, à régler par chèque après réception)

 

Prix des ouvrages :

"Que le Diable nous emporte..." :

600 pages, 20 €

"Ainsi soit-il..." :

300 pages, 14 €

"Ta mémoire, pareille aux fables"  :

300 pages, 14 €

"Mon Amour à Pompéi" :

400 pages, 16 €

"Les Larmes de Titus" :

(la suite) 300 pages, 14 €

"Le Dilemme de Trajan" :

(la suite de la suite) 260 p. 14 €

 

 Quand on aime, on adore... 

 

Et puis, pour les propriétaires de liseuses :

sur Kobo, format epub :

https://www.kobo.com/fr/fr/search?query=Christian%20Eychloma&ac=1&acp=eychloma&ac.author=Christian%20Eychloma

ou à la FNAC, format epub :

https://www.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=0%211&Search=eychloma&sft=1&sa=0

sur Amazon, format kindle :

https://www.amazon.fr/s?k=eychloma&i=stripbooks&__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&ref=nb_sb_noss

 

--> des ebooks bien moins chers, évidemment, que les livres classiques  !

 

 

 

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Noëlle contemplait, la gorge nouée, le large croissant étincelant sous l’éclat insoutenable d’Eris, et dont la taille allait en diminuant de plus en plus rapidement au fur et à mesure qu’ils accéléraient en s’enfonçant dans les profondeurs insondables du gouffre galactique. Un peu au-dessus de ce qu’était devenu Nouvelle Espérance, elle remarqua, non sans éprouver une pointe d’amertume, qu’Ares n’était déjà plus qu’une bille rougeâtre dans la désolation de l’espace.

 

Elle détourna son regard de la vaste baie transparente en pensant avec résignation qu’elle serait bientôt masquée, comme il était d’usage lors des interminables transferts interstellaires, par un épais volet qui les contraindrait à se fier aux seuls écrans vidéo pour obtenir des renseignements visuels sur leur environnement. Elle se sentait à la fois bien et mal mais pensait à la chance qu’elle avait eue de pouvoir profiter de cette opportunité, ce qu’au fond elle n’appréciait probablement pas suffisamment. Car en dépit de la sourde anxiété qu’elle éprouvait à essayer d’imaginer ce qui pouvait les attendre au bout du voyage, elle réalisait que l’annonce de sa sélection pour participer à la préparation de cette mission l’avait considérablement aidée à se sortir du profond état dépressif où l’avait laissée sa terrible mésaventure.

 

Le souvenir horrible des innombrables nuits d’angoisse, pratiquement sans sommeil, lui revint en mémoire. De ces nuits où, parfois vaincue par l’épuisement et à peine endormie, elle se réveillait en sueur avec des visions de cauchemar qui la faisaient hurler d’effroi et actionner machinalement le signal d’appel. Mais elle avait décidé de refuser, à peine plus d’un mois après le début de son hospitalisation, toute assistance médicamenteuse lourde en raison de l’état comateux où ceci la maintenait, laissant pratiquement impuissants les médecins accourus à son chevet.

 

Mais d’apprendre que sa demande avait en fin de compte été favorablement reçue et que, mieux encore, son expérience, pour aussi désastreuse qu’elle ait pu être - ou peut-être justement parce qu’elle avait été aussi désastreuse - pourrait être jugée précieuse pour les autres l’avait considérablement aidée à retrouver l’estime d’elle-même en lui insufflant comme un regain d’énergie.

 

Compte tenu du traumatisme qu’elle avait subi et des séquelles qu’elle en avait gardées, son admission en tant que futur membre de l’équipage du premier vaisseau prévu pour rallier la colonie en perdition n’avait pas, loin de là, immédiatement fait l’unanimité. Mais certains, au tout début puis de plus en plus nombreux, avaient réalisé qu’elle était après tout la seule - du moins la seule encore en vie - à avoir vécu une telle expérience. Et il avait finalement été admis que, malgré son apparente fragilité, sa présence pourrait peut-être apporter le bénéfice d’une sagesse chèrement acquise. 

  

Elle tourna résolument le dos au spectacle déprimant de leur berceau en train de se fondre dans le néant et prit tranquillement la longue coursive menant à la passerelle. Échanger quelques mots avec Maria Lebowitz, une des plus jeunes ingénieurs de bord, lui ferait du bien. Elle adorait cette fille qui, plus que d’autres encore, l’avait considérablement aidée à surmonter ses peurs résiduelles lors du sévère stage d’entraînement qui avait précédé leur départ. Peu importerait ce qu’elles trouveraient vraiment à se dire, l’essentiel se trouvant dans le réconfort que procurerait un chaleureux contact humain.

  

Sachant que, de façon tacite, certains thèmes ne seraient pas abordés. Comme le déroulement futur de leur voyage ou les aléas de leur mission. Suivant la suggestion émise un an plus tôt au cours de la réunion qui avait décidé de l’expédition, le second vaisseau avait en effet été laissé en réserve et tous savaient, sans qu’il soit besoin de le leur rappeler, qu’ils se sentiraient horriblement seuls pendant les six mois à venir. Et, puisque l’on n’avait strictement aucun moyen de savoir ce qu’il pourrait bien y avoir à l’arrivée, on s’était mis d’accord pour éviter autant que possible d’évoquer le sujet avant le terme du voyage.

 

Noëlle s’assura, via son vidéomobile, que Maria était toujours à la passerelle. Elle prit ensuite connaissance, tout en poursuivant son chemin, des nombreux messages continuant à leur être envoyés pour leur souhaiter bonne chance et bonne route. Ils franchiraient le premier tunnel dans quarante-huit heures environ et elle savait, comme tout le monde à bord, qu’il en serait alors fini des communications radio avec Nouvelle Espérance. Et il était hors de question de gaspiller un des six messagers qui, stockés en soute avec une incroyable diversité de matériels et d’équipements, attendaient une plus pertinente utilisation.

 

L’évocation de leur premier passage en hyperespace l’amena une fois de plus à essayer de se construire une image mentale de ces fameux tunnels qui demeuraient sans doute le plus gros mystère de toute l’histoire des hommes. Elle se rappelait sa stupéfaction lorsque, encore toute petite et déjà remarquée à l’école pour son assiduité et sa curiosité, l’existence de ce réseau de raccourcis avait été négligemment mentionné par leur professeur. Et de sa frustration grandissante en constatant au fil des ans qu’il ne lui serait guère possible d’en apprendre beaucoup plus, y compris et surtout à propos de ceux à qui ils devaient de pouvoir utiliser cette titanesque infrastructure. 

 

Elle ne pouvait s’empêcher de trouver tout ça à la fois merveilleux et inquiétant. Merveilleux pour l’usage que l’on pouvait faire de ce prodigieux labyrinthe miraculeusement mis à leur disposition, et en même temps un peu inquiétant pour la méconnaissance que l’on avait de son origine. Mais aussi d’un vertigineux intérêt du point de vue philosophique.

  

Non, la vie n’était pas qu’un éphémère épiphénomène ne comptant pour rien dans l’évolution soi-disant aveugle du cosmos puisque, un jour, quelque part, des êtres d’une prodigieuse intelligence et dotés d’un incommensurable pouvoir s’étaient montrés capables de modifier la structure même de la galaxie. Et de fournir par là à d’autres créatures les moyens d’aller vraisemblablement plus loin encore.

  

Elle se demanda combien, parmi les cent vingt membres de cet équipage tout neuf, se posaient les mêmes questions métaphysiques. Mais à quoi bon ? Ils étaient tous relativement jeunes, n’avaient pour la plupart d’entre eux rien connu d’autre que cette planète qui les avait vus naître et dont la sécurité qu’elle représentait allait en s’amenuisant en même temps que sa taille. Et lorsque l’étoile qui les avait constamment nourris de son énergie rayonnante ne serait plus qu’un minuscule point brillant, indiscernable parmi la myriade des astres piquetant la nuit éternelle de l’espace, ils sauraient se trouver irrémédiablement seuls, voguant vers l’inconnu comme une infime poussière cosmique. 

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