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Présentation

  • : Futurs incertains
  • : Ce blog est dédié à la présentation de mes livres, de mes sources d'inspiration, de mes idées, à l'exposé de mes interrogations sur la nature du monde et sur l'avenir de l'humanité et, bien sûr, aux échanges avec mes lecteurs... J'écris de la science-fiction, en m'efforçant d'imaginer des récits auxquels on peut adhérer, sans tomber dans le "délire" et avec un fort contenu "humaniste".
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A méditer...

Quiconque prétend s'ériger en juge de la vérité et du savoir s'expose à périr sous les éclats de rire des dieux puisque nous ignorons comment sont réellement les choses et que nous n'en connaissons que la représentation que nous nous en faisons.

  [Albert Einstein]

 

Recherche

Mes livres : où se les procurer...

 

Lire les critiques :

 

http://limaginaria.wordpress.com

(site de critiques dédié aux littératures de l'imaginaire)

 

Et (peut-être...) acheter ensuite : 

 

1. Directement sur le site de l'éditeur SANS frais de port !   

http://www.editionschloedeslys.be/

Attention : Chloé des Lys est fermé pendant les vacances scolaires !

 

2. Ou alors   (moins 5% sur le prix "couverture") :

Via Chapitre.com : http://www.chapitre.com/  

Via le Furet du Nord : http://www.furet.com/

(commerces partenaires)

... ainsi que sur de nombreuses autres librairies en ligne !

 

En cas d'urgence (!) : je dispose en permanence d'un certain nombre d'exemplaires (de tous mes romans) destinés en principe aux salons littéraires et séances de dédicace. Me contacter directement (contact@futurs-incertains.com) si vous êtes intéressé ! (le port - autour de 6 € - sera inclus dans le prix, à régler par chèque après réception)

 

Prix des ouvrages :

"Que le Diable nous emporte..." :

600 pages, 20 €

"Ainsi soit-il..." :

300 pages, 14 €

"Ta mémoire, pareille aux fables"  :

300 pages, 14 €

"Mon Amour à Pompéi" :

400 pages, 16 €

"Les Larmes de Titus" :

(la suite) 300 pages, 14 €

"Le Dilemme de Trajan" :

(la suite de la suite) 260 p. 14 €

 

 Quand on aime, on adore... 

 

Et puis, pour les propriétaires de liseuses :

sur Kobo, format epub :

https://www.kobo.com/fr/fr/search?query=Christian%20Eychloma&ac=1&acp=eychloma&ac.author=Christian%20Eychloma

ou à la FNAC, format epub :

https://www.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=0%211&Search=eychloma&sft=1&sa=0

sur Amazon, format kindle :

https://www.amazon.fr/s?k=eychloma&i=stripbooks&__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&ref=nb_sb_noss

 

--> des ebooks bien moins chers, évidemment, que les livres classiques  !

 

 

 

21 janvier 2020 2 21 /01 /janvier /2020 15:37

 

« Le Dilemme de Trajan » est le troisième tome de la trilogie ouverte avec « Mon Amour à Pompéi » et poursuivie par « Les Larmes de Titus ».

On y lira la suite des stupéfiantes aventures de nos voyageurs temporels : le juge Roland Lévêque et l’historien Donato Amonelli,  propulsés dans le passé par le professeur Jacques Liévin.  On assistera à la fin de la tyrannie de Domitien, frère de Titus, et on fera mieux connaissance avec Pline le Jeune, déjà rencontré adolescent dans le premier tome et devenu gouverneur de la Bithynie.

Et on retrouvera avec plaisir la belle Laetitia pour laquelle Roland Lévêque avait traversé les siècles !

 

Extrait :

 

Le proconsul arrangea machinalement les plis de sa toge bordée de pourpre et contempla avec quelque pitié le vieil homme debout entre les deux gardes.

« Qu’on lui enlève ses chaînes et lui apporte une chaise ! » finit-il par ordonner.

Il attendit que le prévenu se fût assis pour renvoyer d’un signe les deux légionnaires qui allèrent se poster de part et d’autre de la porte donnant accès à la grande salle servant de tribunal. Puis il nota avec un certain étonnement que celui-ci, contrairement à la plupart des suspects qu’on lui amenait, le regardait sans crainte apparente.

« Dis-moi… » lui demanda-t-il sans brusquerie en passant du latin au grec. « On t’appelle bien Ignace et tu prétends bien être l’évêque d’Antioche ?

 - On t’a dit vrai, consul !

 - Et quel âge as-tu, Ignace ?

 - Environ quatre-vingts ans, consul… »

Consul… Pline observa curieusement le vieillard. Une attitude sereine en dépit de sa situation, sans provocation mais sans fausse humilité, un homme drapé dans sa dignité qui refusait de s’adresser à lui en l’appelant « Domine », comme il aurait convenu. Un peu comme s’il avait considéré cet interrogatoire comme un entretien d’égal à égal.

Ignace… Ce nom lui avait par contre immédiatement rappelé quelqu’un.

« T’étonneras-tu si je t’affirme qu’à Antioche, il y a bien longtemps, j’avais déjà entendu parler de toi comme d’un fauteur de trouble ? »

Le prisonnier, nullement déconcerté, dévisagea son interlocuteur.

« Et toi, t’étonneras-tu si je te révèle qu’à la même époque, c’est moi qui ai conduit au camp militaire les médecins qui t’ont soigné ? »

Pline, pris de court, ne put s’empêcher de marquer sa surprise.

« C’est toi qui…

 - Oui, consul. T’en souviens-tu ? Deux hommes, des étrangers parlant une langue bizarre, et une femme, une romaine ! Une medicae… 

 - Si je me souviens… » murmura Pline en remuant instinctivement sa jambe.

Incroyable, par les dieux… Mais pour être en mesure de lui rappeler de tels détails, cet homme ne pouvait mentir. Pourquoi justement lui ?

« Et… saurais-tu me dire d’où venaient ces trois personnages providentiels ? » demanda-t-il, abasourdi de pouvoir peut-être enfin lever le voile sur cet épisode mystérieux de sa vie.

« Non. Ce que ces gens m’ont dit d’eux-mêmes et de qui les envoyait s’est révélé être une fable. Mais ils possédaient à coup sûr des pouvoirs extraordinaires !

 - Des pouvoirs dont tu as pu juger par toi-même ?

 - Oui, tout comme toi. Des individus aussi habiles dans l’art de guérir que dans celui d’occire !

 - Occire ? Veux-tu dire par là qu’ils t’auraient fort efficacement débarrassé de tes ennemis ?

 - N’as-tu pas entendu parler, à l’époque, de ces fameux cadavres retrouvés par une de vos patrouilles sur la route d’Antioche ? »

Oui, effectivement. Il s’en souvenait, maintenant. Encore une chose dont tout le monde au camp s’était beaucoup étonné… Des brigands tués de façon tout à fait inhabituelle, avec un petit bout de métal dans la tête.

Jusqu’où cet étrange bonhomme saurait-il encore le surprendre ?

« Tu pourrais donc m’éclairer sur ce qui s’est passé et quelles armes inconnues ont été utilisées ?

 - Ce serait un peu long à expliquer mais je propose de t’en parler, éventuellement, un peu plus tard si tu le souhaites. »

Éventuellement… Conscient du vif intérêt qu’il avait su provoquer, ce vieux filou entendait sans doute conserver, à toutes fins utiles, une monnaie d’échange. 

« D’accord… » répondit Pline en souriant. « Nous y reviendrons. Toi non plus n’as donc jamais su qui les envoyait…

 - Peut-être Dieu lui-même qui, pour une mystérieuse raison, a tenu à te sauver… Ce Dieu auquel tu ne crois pas ! »

Pline, plutôt agacé, balaya d’un geste les propos du vieil homme.

« Aurais-tu l’outrecuidance d’essayer de me convertir, par hasard ? »

Puis il réalisa que l’interrogatoire était en train de prendre un tour inattendu et qu’il était temps d’en revenir à l’objectif qu’il s’était fixé : essayer de juger en toute impartialité de la dangerosité de ce vieux fou. Même si les choses étaient devenues subitement un peu plus compliquées…

« Bien… Pourrais-tu m’expliquer ce qu’est un évêque ?

 - C’est le guide spirituel d’une communauté chrétienne.

 - Leur chef, en somme…

 - Plus que ça…

 - Explique-toi !

 - Un évêque doit s’assurer que les membres de sa communauté n’oublient pas le message de notre Seigneur.

 - Votre seigneur ?

 - Jésus de Nazareth, condamné par Ponce Pilate à mourir sur la croix. »

Pline caressa sa courte barbe frisottante, signe chez lui d’une grande perplexité. Encore et toujours la même histoire…

« Tu as connu ce… Jésus de Nazareth ?

 - Non… Mais j’ai connu certains de ceux qui le suivaient lorsqu’il prêchait, à Jérusalem, sous le règne de Tibère.

 - Et ceci te suffit pour être convaincu que cet homme n’était pas un vulgaire agitateur, justement crucifié pour avoir tenté d’inciter le peuple de Judée à prendre les armes contre Rome ?

 - C’est ce que prétendent les Romains, en effet… Pourtant, parmi ceux qui l’ont supplicié, certains ont ensuite admis leur erreur et reconnu en lui notre sauveur. Et juste après sa résurrection…

 - Sa résurrection ! » réagit vivement Pline. « Crois-tu vraiment qu’un homme puisse revenir de chez les morts ?

 - Un homme ordinaire, non, bien sûr. Mais lui était fils de Dieu et…

 - Bon, ça suffit ! »

De plus en plus agacé, il comprit que la discussion allait vite tourner en rond. 

« Sais-tu pourquoi tu es là, Ignace ?

 - Sans doute parce que je suis un des principaux représentants de cette communauté de citoyens qui refusent de rendre un culte à l’empereur…

 - Pas seulement. Tu as été arrêté pour avoir prêché dans l’enceinte de l’agora alors que j’avais strictement interdit tout rassemblement. Et des témoins de confiance m’ont rapporté des propos plutôt séditieux…    

 - Qu’entends-tu par là ?

 - Ce que j’entends par là ? Encourager celles et ceux qui t’écoutent à abandonner la religion de nos pères et des pères de nos pères pour adopter tes propres superstitions constitue une attaque contre nos valeurs traditionnelles. Et prétendre que l’esclave est l’égal du maître une grave atteinte à l’ordre établi !

 - Tu parles de valeurs… Considères-tu comme si valorisant le spectacle donné par les jeux du cirque et ne peux-tu comprendre notre refus d’y assister ?  Je n’entendais pas par ailleurs remettre en cause l’ordre établi, comme tu dis, en parlant de l’égalité devant Dieu de l’esclave et de son maître !

 - Insinuer qu’un esclave pourrait être l’égal de son maître me paraît pourtant de nature à…

 - Devant Dieu, consul, pas devant les autorités… Pour notre créateur, nous sommes tous égaux : toi, moi, tes soldats, tes maîtresses, tes esclaves, tes amis et tes ennemis, les prostituées du port…  »

Pline faillit se lever pour manifester son indignation, puis se ravisa. Au fond, à condition bien sûr d’accepter de considérer les choses avec suffisamment de recul…

Il se souvint de ce jour où Calpurnia avait durement réprimandé, puis puni, une de ses caméristes pour une simple maladresse. Et de sa propre réaction devant ce qu’il avait alors considéré comme une flagrante injustice.

 « Stultissimus est, qui hominem aut ex veste aut ex condicione, aestimat » [*]

Perplexe, il pensa qu’il pourrait être avisé d’encourager son épouse à lire Sénèque.

 

[*] Est tout à fait insensé celui qui apprécie un homme d’après l’habit ou d’après la condition.

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7 février 2019 4 07 /02 /février /2019 17:54

Anaïs, toujours aussi amusée de se sentir si légère, sauta souplement sur la murette bordant l’extérieur de la véranda. Fermant à demi les yeux pour se protéger de l’éclat du soleil mauve, elle n’eut qu’à tendre la main pour cueillir un de ces fruits charnus dont, à peine goûté pour la première fois, elle avait immédiatement raffolé.

Tycho, adossé contre le tronc écaillé de l’arbre dont les longues branches ployaient sous la charge, pointa un doigt accusateur vers sa sœur.

« Tu sais que tu risques d’être malade si tu en manges trop… » lui rappela-t-il sévèrement. « Et maman ne sera pas contente !

- Parce que tu lui dirais ? » répondit Anaïs en lui lançant par jeu la grosse poire grumeleuse qui éclata sur le sol en faisant gicler un jus vermillon.

Tycho, évitant de justesse les éclaboussures, se leva d’un bond.

« Si tu m’avais taché mon short, tu peux être sûre que je t’aurais dénoncée !

- Eh bien, moi, j’aurais dit que tu t’amuses à attraper les chardons volants malgré l’interdiction !

- Quelle interdiction ? Et qu’est-ce que ça peut faire si je fais attention ?

- Alors, tu ferais bien de devenir plus adroit. Tu t’es déjà fait griffer trois fois et…

- Et on m’a dit que je devrais soigner moi-même mes éruptions allergiques si je recommençais… Ce qui n’est pas vraiment une interdiction ! 

- Bon… De toute façon, ce n’est pas toi qui auras la colique ! » répondit-elle en tirant d’un coup sec sur un autre fruit qui se détacha facilement.

Elle fit semblant de viser son frère qui recula instinctivement. Éclatant de rire, elle ouvrit en deux la fausse calebasse et la pressa contre sa bouche, mordant goulûment dans la chair molle.

Tycho, décidant de se désintéresser des provocations de sa sœur, se dirigea vers la desserte conduisant en pente douce jusqu’à la Paresseuse. Un ruban mordoré dont il pouvait apercevoir les reflets brillants sous l’étagement des modules d’habitation à moitié dissimulés par les larges feuilles des parasols chevelus.

Un filet rouge vif au coin des lèvres, Anaïs, voyant son frère s’éloigner, laissa tomber la peau évidée au pied de l’arbre dont la cime culminait très haut au-dessus de sa tête.

« Où vas-tu ? » lui cria-t-elle.

« Me rafraîchir !

- Tu sais que ça aussi, c’est interdit ! »

Avec un geste d’indifférence, il poursuivit son chemin sans se retourner. Les poissons-rasoirs, ainsi nommés en raison de leurs nageoires extrêmement coupantes, ne remonteraient le courant que vers la nuit tombée et il savait la baignade jusque là sans danger.

« Je viens avec toi ! » décida Anaïs en sautant de son perchoir.

Il leva la main et agita l’index en signe de désaccord.

Sans en tenir compte, elle le rattrapa en quelques enjambées. Cette merveilleuse sensation de galoper sans effort, sans jamais s’essouffler, de bondir quasiment sans élan…

« Pour les chardons, bien sûr, je ne dirai rien ! » crut-elle bon de préciser en se rapprochant de lui.

« C’est comme tu voudras… » répondit-il en la repoussant légèrement afin de ne pas lui donner l’impression de céder trop vite.

Ces étranges bestioles, très peu dangereuses si l’on savait s’y prendre pour les étudier, faisaient partie de ce qui fascinait le plus Tycho depuis son arrivée sur Ouranos. Mi-végétaux, mi-animaux, se développant d’abord comme une plante avant de casser leur tige pour s’envoler comme un oiseau.

Faute de mieux, on les avait appelées les « chardons », par analogie avec ces espèces aux feuilles piquantes qui pullulaient sur Atlantis, mot lui-même dérivé, à ce qu’on lui avait dit, du nom d’une plante commune de leur lointaine planète mère.

Plusieurs fois par an, au moment de leur bizarre métamorphose, elles se mettaient à voltiger un peu partout, envahissant parcs et jardins avant de se regrouper en mouvants nuages sombres qui obscurcissaient le ciel rose d’Ouranos.

« Tu devrais t’essuyer la bouche… » lui conseilla-t-il en tirant par jeu sur une de ses longues tresses.

Elle s’exécuta machinalement du dos de la main, un peu déçue d’avoir dû interrompre plus tôt que prévu son petit festin.

Des mangues… C’était le nom que l’on donnait à ces fruits savoureux, bien qu’elle sût de façon certaine qu’ils n’avaient pas grand-chose à voir avec les « mangues » dont elle s’était souvent régalée avant le grand voyage. 

Les deux enfants avaient été passablement désorientés au début en découvrant que plantes et animaux endémiques de cette planète portaient en général les noms d’espèces vaguement ressemblantes qu’ils avaient bien connues sur Atlantis. Parfois très vaguement ressemblantes, au point qu’ils avaient préféré commencer à développer leur propre vocabulaire pour les désigner. Puis, le temps passant, leur nouvel environnement éclipsant peu à peu le souvenir de l’ancien, ils y avaient renoncé pour adopter le langage commun.

Le coude de la rivière formait une petite crique où ils avaient pris l’habitude de se baigner, un endroit bien protégé du courant, avec une minuscule plage de galets où ils aimaient se reposer après avoir longuement pataugé dans l’eau fraîche. Dans les premières heures de l’après-midi, leur moment préféré de la journée où ils savaient pouvoir jouir d’une liberté totale, ce coin tranquille était comme transfiguré par la lumière légèrement violette de l’astre à son zénith.

En amont de là où ils se trouvaient, un amoncellement de rochers couleur d’améthyste partageait le cours d’eau en plusieurs courtes cascades sous lesquelles croissaient à l’envie les jacinthes arborescentes. En aval, l’eau s’écoulait plus calmement entre les berges étroites pour aller se perdre dans le bleu soutenu de la végétation.  

« Tu te souviens ? » demanda-t-elle en désignant l’étendue de la forêt dont la dense canopée ne laissait rien deviner de ce qui se trouvait en dessous.

Il opina en souriant. Il avait ce jour-là eu la peur de sa vie, même s’il pouvait à bon droit, vu son jeune âge, considérer être très loin d’avoir tout expérimenté.

« C’était peut-être la seule chose contre laquelle on ne nous avait pas prévenus ! 

- Pardi… » répondit-elle en s’accompagnant d’un geste destiné à souligner l’évidence de la chose.

Sa frayeur passée lorsqu’il s’était extrait sans dommage, mais non sans peine de l’énorme feuille collante qui l’avait tout entier enveloppé, il ne s’était pas senti très fier. Un peu honteux d’avoir été, malgré sa vigilance, victime d’une des nombreuses farces que les vieux colons réservaient aux nouveaux arrivants.

Il leur en avait longtemps voulu bien qu’il dût admettre que tout ce qui présentait le moindre danger réel leur avait été très clairement expliqué. Comme ces saloperies de vrilles venimeuses ou les redoutables poissons-rasoirs. 

Et les roseaux constrictors, bien entendu… Il réprima difficilement un frisson.

« Le premier à l’eau ! » lança-t-il en ôtant soudainement son short et son maillot de corps.

« Perdu ! » s’esclaffa-t-elle en se jetant tout habillée dans le lit de la rivière.

Secouant la tête pour la forme car habitué aux excentricités de sa cadette, il l’observa en train de traverser d’une brasse vigoureuse la vingtaine de mètres qui les séparaient de la rive opposée.

Les vêtements trempés, elle se hissa sans effort sur le talus herbeux. Debout au milieu des hautes pousses tarabiscotées de ce qu’il était convenu d’appeler des torsades palmées, elle lui fit signe de la rejoindre.

Il traversa à son tour, plus tranquillement, écartant doucement au passage quelques grosses brosses arc-en-ciel. Il se redressa en sentant qu’il avait à nouveau pied et, immergé jusqu’à la taille, frappa violemment l’eau du plat de la main.

Les inoffensives créatures aquatiques s’égayèrent en irisant la surface dans toutes les directions, pendant que des billes liquides aux reflets d’agate s’élevaient très haut pour retomber lentement en une pluie de fines gouttelettes chatoyantes. Un peu plus vite toutefois, pensa-t-il, que ce qu’il se rappelait avoir observé sur ces vidéos holographiques prises par beau temps sur Atlantis et repassées au ralenti sur sa tablette de virtualisation.

Satisfait du résultat d’une expérience cent fois renouvelée, il grimpa en se jouant la faible pente pour suivre Anaïs qui, fidèle à ses habitudes, venait de s’engager le long du lit de la rivière pour une petite promenade en aval, à l’ombre des gigantesques bambous siffleurs. Une promenade qui les mènerait jusqu’à un ravin peu profond où s’étalait un  marécage envahi de roseaux constrictors, ces sinistres végétaux aux surprenantes et mortelles propriétés.

Ravis par la chanson flûtée du vent dans les tiges creuses, les deux adolescents cheminèrent, pieds nus, écrasant sous leurs pas les frêles herbacées dont les minuscules capsules laissaient échapper de délicieuses exhalaisons.

Au bout de quelques centaines de mètres, Tycho s’arrêta soudain, renifla longuement, puis se pinça les narines.

« Cette odeur… » fit-il en se tournant vers sa sœur. « C’est nouveau, ça. Qu’est-ce que cette odeur ?

- C’est vrai, ça pue ! » confirma-t-elle en imitant le geste de son frère.

Rendus méfiants par cette sensation inattendue, ils avancèrent avec précaution, respirant le moins possible, l’odeur devenant de plus en plus insupportable au fur et à mesure qu’ils approchaient du ravin.

Arrivés au bord, ils s’immobilisèrent, à la fois apeurés et incrédules. 

L’homme, à demi immergé dans la vase orangée, le visage gonflé, les yeux exorbités, était mort les mains crispées sur la solide corde ligneuse qui lui enserrait la gorge. Le reste de son corps, autour duquel se devinait la couleur plus pâle de sa combinaison de forçat, se trouvait comme ligoté par d’innombrables racines qui paraissaient vouloir l’ensevelir sous la tourbe du marais.

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30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 09:56

 

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24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 09:39

 

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23 novembre 2018 5 23 /11 /novembre /2018 16:21

 

 Pour commencer, Christian Eychloma, pouvez-vous vous présenter à vos lecteurs ?

Très volontiers. En bref, je suis depuis une dizaine d’années à la retraite après trente ans de bons et loyaux services dans l’industrie aéronautique.  J’ai eu la chance, au cours de ma vie active, de pouvoir suivre de très près la spectaculaire évolution des techniques liées au traitement de l’information. Je me suis toujours passionné pour les sciences, surtout pour la physique.  Et ceci pas uniquement  pour les perspectives (bonnes ou mauvaises…) qu’elles nous ouvrent  mais aussi pour ce qu’elles peuvent nous apporter au niveau de notre compréhension du réel.

J’ai beaucoup lu et j’ai beaucoup rêvé… J’ai rêvé de l’avenir et de ses incroyables promesses technologiques, et j’ai rêvé du passé en imaginant  que nous puissions un jour fidèlement le restituer. J’ai rêvé de celles et ceux qui ont patiemment posé les jalons de notre marche vers la modernité et de celles et ceux qui construiront notre futur.

Bref, je suis un imaginatif qui a dû trop longtemps se contraindre à garder les deux pieds dans la réalité de tous les jours… Alors, quand l’heure de la retraite a sonné, je me suis attaqué à mon premier roman de science-fiction !

 

Dans quel style de littérature placez-vous vos récits ?

Je pense pouvoir considérer mes romans comme de la « hard-fiction » (conquête spatiale, robotique, vie artificielle, réalité virtuelle…). Qu’il s’agisse d’anticipation ou de voyages temporels, je m’attache en effet à imaginer des récits cohérents  dans un environnement technologique suffisamment déroutant mais qui ne doit jamais en principe être en contradiction avec nos connaissances scientifiques actuelles.

Il s’agit certes d’un exercice un peu difficile qui  oblige à respecter le bon équilibre entre une histoire à laquelle le lecteur non averti aurait du mal à adhérer et ce qui ne présenterait plus d’intérêt pour un amateur de science-fiction.   En somme, savoir surprendre en évitant d’aller trop loin…

 

Qu’est-ce qui déclenche en vous l’envie d’écrire un nouveau titre ?

J’essaie de faire en sorte que mes romans véhiculent quelques « messages ». Autrement dit, je n’écris pas uniquement pour distraire le lecteur, mais aussi pour l’inviter à réfléchir. Pour tenter de le faire « cogiter » avec moi sur l’avenir de nos sociétés, compte tenu de ce que nous sommes et des moyens dont nous pourrions disposer à plus ou moins brève échéance.

Voilà ce qui me motive et m’amène à me lancer dans un nouveau roman : faire partager mes interrogations.  Mes histoires sont donc un peu destinées à  suggérer des pistes de réflexion  issues de mes propres questionnements !

 

Quelles démarches effectuez-vous avant de vous lancer dans l’écriture d’un nouveau titre ? Comment se passe la genèse de vos romans ?

Je réfléchis ! Mais ni trop ni trop longtemps, sachant que n’importe quel beau scénario a toutes les chances d’être sérieusement remodelé arrivé au tiers du récit… Car il est connu que les personnages d’un roman finissent toujours par « prendre le contrôle » et tenir la main du romancier !

Par contre, une fois choisis le thème, le lieu et l’époque,  je passe pas mal de temps à me documenter.  Je considère cette phase initiale comme absolument essentielle pour la crédibilité de ce que je m’apprête à écrire. Pour mon premier roman, « Que le Diable nous Emporte… », je me suis replongé dans la physique relativiste, la cosmologie et la biologie. Pour « Mon Amour à Pompéi » et « Les Larmes de Titus », la physique quantique et l’histoire du monde romain du premier siècle après Jésus-Christ. Pour « Ainsi soit-il …» et « Ta mémoire, pareille aux fables incertaines » (dernier ouvrage publié), j’ai extrapolé hardiment la puissance à attendre des générateurs de réalité virtuelle et ses possibles conséquences…

(voir la présentation de mes ouvrages sur l’excellent site « 7 à lire », par exemple, et leur chronique sur « Limaginaria »)

 

Quel accueil le public réserve-t-il généralement à vos œuvres ? 

Je manque encore un peu de recul mais crois pouvoir affirmer que la plupart des lecteurs aiment mes romans. Ils les apprécient tout en les jugeant différents de ce que l’on trouve habituellement dans ce genre littéraire. Ils jugent mes histoires plausibles tout en étant originales, ce qui me comble de satisfaction puisque c’est un peu l’objectif que je m’étais fixé.

 

Quels auteurs ou romans vous ont donné l’envie d’écrire ?

J’ai lu beaucoup de science-fiction et ne citerai pas tous les auteurs qui m’ont inspiré et fait rêvé. Certains ont sans doute eu sur moi plus d’influence que d’autres, comme Isaac Asimov et ses robots, René Barjavel et son angoisse devant une technologie que l’homme ne maîtriserait plus ou, plus récemment, Michael Crichton. J’ai bien aimé « Jurassic Park » et « Prisonniers du temps » tout en déplorant quelques invraisemblances et la tendance bien américaine des courses-poursuites qui n’en finissent pas…

 

Enfin, quels sont vos projets pour l’avenir ?

Mes projets dépendront forcément un peu de l’accueil réservé par mes lecteurs aux romans déjà publiés. C’est ainsi que, devant les nombreuses demandes pour que « Les Larmes de Titus » ait une suite, j’ai écrit « Le dilemme de Trajan » dont je m’apprête à soumettre le manuscrit à mon éditeur. Cet ouvrage terminera la trilogie commencée avec « Mon amour à Pompéi »…

 

 

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23 novembre 2018 5 23 /11 /novembre /2018 15:43

Deux destins étrangement semblables séparés par un insondable gouffre spatiotemporel…

Anaïs, passagère du gros transport interstellaire à destination d’Ouranos, lointaine colonie pénitentiaire aux confins de l’espace contrôlé par la Fédération, est-elle la même personne que Camille qui, sept siècles plus tôt, a vécu la grande aventure à bord du paquebot des Messageries Maritimes cinglant vers la Nouvelle Calédonie ?

Lucien, docile cobaye entre les mains de deux chercheurs à l’avant-garde d’une science révolutionnaire, réussira-t-il sans dommage pour sa santé mentale à s’introduire par effraction dans  ce mystérieux « quelque part » où passé, présent et avenir sont inscrits de façon indélébile ? En poussant un peu plus loin encore leurs étranges expériences, ces aventuriers en blouse blanche peuvent-ils espérer en sortir indemnes ?

Un roman offrant un récit d’une grande intensité dramatique, certes une fiction mais qui, basée sur une conception de la réalité partagée par bon nombre de scientifiques, pourrait remettre en cause bien des certitudes.

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9 février 2016 2 09 /02 /février /2016 16:45
L'onde gravitationnelle prédite par Einstein détectée pour la 1ère fois

http://www.sciencesetavenir.fr/espace/astrophysique/20160208.OBS4165/alerte-l-onde-gravitationnelle-predite-par-einstein-detectee-pour-la-1ere-fois.html#obs-article-mainpic

"Deux trous noirs, respectivement 29 et 36 fois la masse de notre Soleil, se sont rapprochés, entamant une sorte de danse en spirale avant de rentrer en collision, ce qui a provoqué des vagues à travers l’espace entier, ces fameuses ondes gravitationnelles dont l’existence avait été prédite par Einstein mais qui n’avaient jamais été encore directement détectées"...

Ben voilà... Ne reste plus qu'à y déceler un signal de modulation, non ? (voir "Que le Diable nous emporte...")

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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 19:10
Pour une présentation synthétique des romans publiés

Pour une vue d'ensemble de mes ouvrages, cliquer sur le lien ci-dessous :

http://www.avosmarmites.com/livreceychloma/presentalivreCEychloma.html

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17 mai 2015 7 17 /05 /mai /2015 15:59
"Les Larmes de Titus" : une suite de "Mon amour à Pompéi" !

Récemment publié !

« Les larmes de Titus » est la suite de « Mon amour à Pompéi », roman ayant connu un vif succès auprès d’un grand nombre de lecteurs.

Il s’agit cette fois d’une incursion de nos héros très contemporains dans la capitale de l’empire romain du premier siècle, pendant le règne de l’empereur Titus, dans le cours d’une Histoire déjà quelque peu altérée par les précédents voyages temporels.

Un récit captivant mêlant habilement fiction et Histoire officielle !

Le professeur Liévin a donné à ses contemporains la technologie permettant les transferts temporels. En dépit des incroyables conséquences qu’une découverte aussi révolutionnaire est susceptible d’entraîner, il est désormais tout simplement impossible pour le monde de l’ignorer. Il s’agit donc de bien réfléchir à ce que l’on va en faire, d’abord en s’assurant soigneusement que l’on sait la maîtriser.

Pendant que les sommités scientifiques et responsables politiques du 21e siècle se creusent sérieusement les méninges , le juge Roland Lévêque croit pouvoir filer le parfait amour avec Laetitia, en l’an 80 de notre ère, sous le règne de Titus, dans la capitale de l’empire romain.

Il ne va toutefois pas tarder à s’apercevoir qu’il n’est pas du tout évident de vivre dans une époque qui n’est pas la sienne et les nuages noirs qui s’accumulent sur la Rome impériale vont le contraindre à rompre la loi du silence qu’on lui avait imposée.

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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 17:13
Le Pape François met en garde contre le Grand Collisionneur de Hadrons qui pourrait ‘Ouvrir les portes de l’Enfer’

Oserai-je continuer à écrire de la science-fiction ? Je commence à craindre que mes romans deviennent prémonitoires... La grande trouille !

Ce matin, le Pape François a imploré la communauté scientifique d’arrêter ses opérations avec le Grand Collisionneur de Hadrons (LHC) dans une annonce officielle publiée par le Vatican tandis que les scientifiques espèrent faire des expériences afin de connecter notre monde avec un univers parallèle la semaine prochaine.

La critique du pape intervient quelques jours après que des scientifiques du CERN, à Genève, en Suisse, ont révélé qu’ils prévoyaient cette semaine de pousser ‘l’écraseur d’atomes’ du LHC jusqu’à ses derniers retranchements énergétiques les plus élevés dans le but de détecter (ou même d’invoquer) des trous noirs miniatures et éventuellement « ouvrir une brèche dans la fabrique de l’espace-temps ».

Un autre sceptique du projet n’est autre que l’honorable physicien Stephen Hawking qui a récemment averti que la fin du monde pourrait être déclenchée par l’insaisissable «particule de Dieu».

Le Pape François a averti la communauté scientifique d’arrêter de tester « les limites de Dieu » suite à l’annonce de la réactivation du LHC.

Le pape était visiblement très désemparé alors qu’il s’adressait à une foule de dizaines de milliers de fidèles présents sur la Place Saint-Pierre à l’occasion d’un de ses plus longs discours à ce jour.

« Mes frères chrétiens, nous vivons dans une époque désespérée. », dit-il à la foule. « La science est sur le point de tester les limites de Dieu et de sa création. Dieu a imposé les limites entre le monde des vivants et le monde des morts. Ces scientifiques sont-ils sur le point d’ouvrir les portes de l’Enfer? » Demanda-t-il à ses disciples, visiblement ébranlé. « Sommes-nous au seuil des jours maléfiques dont la Bible fait allusion? Est-ce que les hordes de démons qui rôdent dans les fosses de l’enfer sont sur le point de déferler massivement dans notre monde? Il faut méditer quant à ces questions avant de permettre aux scientifiques de procéder à de telles expériences » expliqua t-il.

En Octobre dernier, plus de 400 des meilleurs physiciens ont signé une pétition avertissant que le potentiel de Higgs pourrait devenir instable avec des énergies supérieures à 100 milliards de giga-électron-volts (GeV) et ont demandé aux gouvernements de maintenir les expériences sous ce niveau.

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