"Mon amour à Pompéi" n'est pas publié depuis longtemps. On m'a pourtant déjà assez souvent demandé pourquoi j'avais choisi de situer l'essentiel des péripéties de mon roman dans cette ville plutôt que dans une autre. Après tout, un candidat au voyage temporel n'avait que l'embarras du choix ! Alors, pourquoi Pompéi ?
Pour des raisons qui tiennent à la rigueur que l'écrivain doit selon moi à ses lecteurs. Et par conséquent à la "crédibilité" de la fiction qu'il a choisi de développer. Car il me paraît plus facile d'adhérer à une histoire lorsqu'elle se déroule sur un fond historique riche de détails authentiques. Et avec Pompéi, il me semblait beaucoup plus facile d'atteindre cet objectif.
Parce que l'on en sait plus en effet sur cette ville de l'antiquité que sur n'importe quel autre endroit "perdu dans la nuit des temps". Parce que l'exhumation des ruines de Pompéi a révélé au monde stupéfait un véritable "instantané" de la vie sous l'empire romain. Et il est à peine exagéré de prétendre que, à condition de n'être pas perdu dans le flot des touristes, la visite des ruines de la cité donne la curieuse impression de réellement se promener dans ce petit coin du passé...
Il s'agissait donc pour moi d'asseoir mon récit sur une base historique et scientifique aussi rigoureuse que possible.
Pour la partie historique, on l'aura compris, les références ne manquaient pas sur la toile, et des ouvrages comme "La vie quotidienne à Pompéi" de Robert Etienne, "Vies des douze Césars" de Suétone, et "La Rome des Flaviens" de Catherine Salles m'ont fourni un abondant matériau...
Enfin, pour votre émerveillement, Pompéi comme si vous y étiez...
POMPEI - Hier et Aujourd'hui :
http://michel.clement10.perso.sfr.fr/pompei/index.html
Voilà (brièvement !) pour la partie historique… Il ne vous reste plus qu’à aller aux renseignements sur la toile ou, mieux, à lire mon livre pour en apprendre bien davantage !
Pour ce qui concerne le domaine scientifique, j’ai déjà effleuré le sujet dans la page « Réflexions sur mon second roman » (voir ci-contre). Et les phénomènes étranges observés en physique quantique, ainsi que leurs surprenantes interprétations, sont présentés de façon très informelle au chapitre 2 de mon roman (lorsque le juge Roland Lévêque reçoit le professeur Jacques Liévin dans son cabinet).
Je m’abstiendrai de revenir ici sur la célèbre expérience dite « des fentes de Young », décrite en détails dans tous les ouvrages de vulgarisation ainsi que sur un grand nombre de sites web, et qui permet de se convaincre de la réalité de ces « états quantiques » qui se « superposent » jusqu’à ce que l’observation du résultat de l’expérience force en quelque sorte la nature à choisir entre plusieurs éventualités (la fameuse « réduction du vecteur d’état »).
Enfin, ce qui précède correspondant au paradigme classique adopté par un grand nombre de théoriciens ! Mais pas par tous…
L’interprétation dite des « mondes multiples », qui suscita au début pas mal de haussements d’épaules dans la communauté scientifique, serait en train de faire un retour en force. Et les récents et spectaculaires progrès des chercheurs qui travaillent à l’élaboration d’un ordinateur quantique pourraient y être pour quelque chose.
Le mieux est sans aucun doute de renvoyer le lecteur au chapitre 9 de l’ouvrage déjà cité : « L'étoffe de la réalité », de David Deutsch. L’auteur y développe l’hypothèse de l’exécution de l’algorithme de Shor (quelques milliers d’instructions…) sur un ordinateur quantique pour la factorisation d’un nombre de 250 chiffres.
On découvrira d’abord avec effarement que factoriser aujourd’hui un tel nombre en utilisant la meilleure méthode connue lancerait un processus qui prendrait plus d’un million d’années avec un réseau d’un million d’ordinateurs classiques !!! D’ordinateurs classiques…
Mais l’avènement de l’ordinateur quantique risque bientôt de changer la donne. Et pas qu’un peu. Car pour résoudre le même problème (la factorisation d’un nombre de 250 chiffres), l’algorithme de Shor lancerait 10500 calculs identiques (vous avez bien lu) en parallèle ! Ce qui signifierait en réalité quelques milliers d’opérations arithmétiques seulement, mais dans chacun des 10500 univers qui participeraient au calcul en interférant ensemble…
Ce calcul n’a certes pas encore été fait. Mais le principe en a déjà été validé sur des plateformes matérielles encore rudimentaires et il apparaît que la disponibilité d’un calculateur quantique apte à factoriser un nombre de 250 chiffres n’est qu’une question de temps.
Dans ce même chapitre, David Deutsch invite le lecteur à réfléchir sur les conséquences, au niveau paradigmatique, de ce qui vient d’être présenté, en le mettant au défit d’expliquer comment peut bien fonctionner l’algorithme de Shor sans impliquer l’existence de ce que l’on appelle le « multivers ».
Car lorsque cet algorithme se sera exécuté en utilisant 10500 fois la puissance de calcul de la plateforme matérielle posée sur votre bureau, « où » diable aura été factorisé notre fameux nombre ? Sachant qu’il n’existe « que » 1080 atomes dans tout l’univers visible, un nombre minuscule si on le compare à 10500…
Si donc, comme le fait valoir David Deutsch, toute la réalité physique se bornait à notre univers visible, elle serait très loin de pouvoir offrir les ressources nécessaires à la factorisation d’un tel nombre !
Pour les curieux, voir la vidéo du "Dr Quantum"... C'est édifiant et rigolo !
http://www.dailymotion.com/video/xekxga_dr-quantum-la-fente-de-young_lifestyle
En guise de conclusion :
Comme je le laissais entendre dans mon interview (voir premier article publié), un bon roman de science-fiction doit certes d'abord divertir ! Mais aussi selon moi - surtout s'il s'agit de ce qu'il est convenu d'appeler de la "hard fiction" - faire travailler l'intellect. Amener le lecteur à réfléchir sur de possibles conséquences entraînées par l'utilisation d'une technologie encore futuriste mais qui pourrait après tout se trouver un jour à notre portée. Technologie souvent associée à la validation par l'expérience de théories d'avant garde très sérieuses mais parfois considérées comme "fumeuses" ou comme relevant de simples conjectures...
On ne s'étonnera donc pas si, dans mes romans, je m'arrange pour présenter au lecteur les résultats auxquels pourraient conduire la mise en pratique de certaines théories scientifiques si elles se trouvaient confirmées par la réalité des faits. En imaginant bien sûr qu'elles le sont !Ainsi, dans "Mon amour à Pompéi", la validité de la théorie des "mondes multiples" (hypothèse très sérieuse...) se trouve-t-elle confirmée par l'interférence accidentelle entre deux univers parallèles (ici commence la fiction !), permettant du même coup d'envisager les transferts temporels...
A ne pas trop prendre au sérieux, donc, pas plus que le réductionnisme matérialiste du professeur Jacques Liévin ! Mais bon... Qui pourrait jurer sans la moindre crainte de se tromper que tout ceci restera éternellement du domaine de la science-fiction ?